L'ORIGINE DU ZHAN ZHUANG
Les premières indications sur la
pratique des postures de Zhan Zhuang en Chine, se trouvent dans un
ouvrage médical intitulé « Huang Di Nei Jing
» (classique de la médecine interne) apparu sous le
régime de l'empereur jaune (Huang Di, 2697-2597 avant notre
ère).
Huang Di |
Dans l'œuvre philosophique « Dao De Ching » (la
voie et sa vertu) du sage fondateur du taoïsme Lao Zi (6ème
siècle avant J.C), il est écrit : « le Dao est la
nature. »
Comment s'approche t-on de la nature?
Zhuang Zi disciple de Lao Zi rapporte : « En se tenant, seul,
debout, sans bouger, observant tous les mystérieux changements
qui se produisent en permanence et à l'infini. »
A l' occident, en Grèce, était
pratiqué une forme de Zhan Zhuang appelé Artemis Pyx qui
était à la base d' une
Socrate |
Le général Yue Fei, grand guerrier Chinois du 12ème siècle,pratiquant le Kung-Fu Wushu, élabore un système basé sur les postures et les mouvements lents. Ce sera l'ancêtre du Yi Quan actuel. |
Yue Fei |
Au fil des siècles, cette école se développe seulement parmi la minorité musulmane et ses exercices restent secrets. Une des raisons de cette confidentialité est l'envahissement de la Chine par les mongols et la puissance de la force développée par ce type d'entraînement : les occupants interdisent sa pratique.
A la fin du 18ème siècle, certains experts dévoilent plus facilement le joyau de leur pratique. C'est la posture (Zhan Zhuang): San Ti Shi.
Wang Shu Jin en San Ti Shi |
Vers la fin du 19ème siècle, Guo Yun Shen, un de plus grands maîtres du Xing Yi Quan, enseigne à quelques élèves, choisis avec beaucoup d'attention, ses principes.Il transmettra son savoir à Wang Xian Zhaî.Nous devons à Maître Wang la divulgation du Zhan Zhuang.
Son successeur, Maître Yao Zong Xun, a beaucoup œuvré pour le développement de l'école et de son système pédagogique.
Maitre Yao en Zhan Zhuang de combat
|
LA PRATIQUE DU ZHAN ZHUANG
Le JIAN SHEN ZHUANG ou LES POSTURES POUR LA SANTE
L’initiation au Yi Quan commence par le Jian Shen Zhuang, qui
pose les bases pour une pratique avancé.
Voici la description d'une posture de base :
La
position du corps : L’intention (Yi) d’un(e)
débutant(e) (image mentale) : |
Mise en place du bassin
|
La répartition du poids
Dans la position initiale, la répartition du poids est de 50/50.
Des que l'on exécute le mouvement vers une direction, par
exemple vers l'arrière, la répartition devient 70%
à l'arrière et 30% à l'avant. Quand nous allons
vers l'avant elle devient 70% à l'avant et 30% à
l'arrière. Avec la pratique, ce basculement devient de plus en
plus minime.
Le QIANG SHEN ZHUANG ou POSTURES POUR LA FORTIFICATION DU CORPS
Ce sont les mêmes exercices mais les degrés de l’intensité physique (la pointe des genoux est à la verticale des gros orteils), de la concentration et de la décontraction sont supérieurs.
Pour ces deux phases de postures, il y a
plusieurs niveaux de YI. Les images mentales évoluent et les
directions de la force se combinent pour devenir un seul et unique
mouvement, une vibration invisible à l’œil pour un
non initié. L’important est alors de sentir quand et
comment tendre le corps (Jin en chinois), puis le relâcher (Song). Le mouvement interne (vibration) est guidé par cette transmutation de la tonicité musculaire en décontraction. Ce mouvement interne crée, à terme, le Hun Yuan Li ou la « force multi-directionnelle pour le combat ». La principale caractéristique de cette force est une grande résistance et une densité dans toutes les directions : avant, arrière, droite, gauche, haut, bas et en spirale ; accompagnée d’une sensation de légèreté. Elle est contradictoire et paradoxale : quand le corps tire vers l’arrière, les pointes des pieds s’accrochent au sol, les genoux et les poignets se dirigent vers l’avant. Lorsque le corps penche à droite, il s’étire aussi vers la gauche. Quand on se dirige vers le haut, les pieds s’écrasent au sol. |
Le JIJI ZHUANG ou
POSTURES POUR LE COMBAT Avec ce
groupe de postures, on aborde le combat. Le corps : Placer le corps en posture de combat :
l’ouverture du pied arrière est comprise entre 75° et
90° par rapport au pied avant qui se trouve sur la ligne du talon
du pied arrière. Pour un débutant, la distance entre les
pieds est égale à un autre pied. |
Le Yi au départ :
Ainsi se réalise, par la pratique, la théorie de la cosmologie chinoise : le symbolisme du Yin-Yang selon lequel tout se différencie mais est complémentaire.
Pour les confirmé(e)s, le Yi évolue, le ballon devient arbre et la direction des forces se combine tout en restant paradoxale.
Le rythme des
mouvements :
Pour le débutant, le rythme de la succession des mouvements vers
les 6 directions est lent, un peu saccadé, entrecoupé par
des intervalles de repos : cela est dû à l’absence
de décontraction, de souplesse et à
l’exécution en ordre séparé des directions.
Au bout d’une centaine d’heures d’entraînement,
la combinaison des forces et la souplesse acquise rendent le mouvement
élastique et de plus en plus rapide, pour devenir une vibration.
L’amplitude des mouvements :
Il dépend du niveau atteint. Au départ, il est
long,
près d’un demi centimètre. A terme, il est de
l’ordre du millimètre.
La sensation :
Nous pouvons décrire ce que nous ressentons pendant la
pratique
de la posture.
Pour être explicites : si l’on prend une bouteille remplie
à moitié d’eau, qu’on la tient à
l’horizontale en balançant le liquide d’un bout
à l’autre de la bouteille, dans un mouvement ininterrompu,
ce mouvement de l’eau crée une sensation quantitative
d’élasticité, de souplesse et de densité.
Maintenant si nous faisons le même mouvement mais dans un temps
plus court et plus rapide, alors les sensations de lourdeur et
d’explosion apparaissent. Cette perception est identique à
celle que l’on éprouve lors de la pratique des postures.
Le temps à
consacrer :
Un novice commence à pratiquer près de 10mn pour
atteindre progressivement 70mn d’affilée. Rester longtemps
sur la même posture est capital. Le but du travail postural est
la création du Hun Yuan Li. Or, c’est avec la
répétition du mouvement qu’on l’acquiert. La
multi-résistance et la densité du Hun Yuan Li
dépendent du nombre et de la qualité des
répétitions. Comme la mise en place de la posture peut
être longue, et souvent déviante, une fois
installée, il y a un intérêt à la garder
longtemps.
La fréquence de la pratique dans la semaine dépend aussi
des buts à atteindre et de la motivation personnelle. Comme dans
toute activité, une bonne régularité donne de bons
résultats. Pour les plus persévérants, un jour de
repos par semaine est conseillé.
A quand les
résultats ?
La respiration :
On ne prête aucune attention particulière à la façon de respirer. Au fur et à mesure de la pratique, les épaules, la poitrine, les muscles intercostaux et le diaphragme se relâchent. La respiration qui, au début, a tendance à accompagner maladroitement les directions, devient basse, issue du bas ventre. Elle est de type dit « normal » (le ventre gonfle pendant l’inspiration) : profonde et régulière, elle ne s’accélère pas.
LES OBJECTIFS DU ZHAN ZHUANG
La recherche du mouvement dans l'immobilité
L’ASPECT ART MARTIAL
Il conditionne le passage au mouvement sans contraction inutile
Cela s’obtient par la juste exécution de
l’étirement des tendons et des muscles (en chinois «
Jin »), qui ne sont pas rigides mais toniques, puis leur
relâchement (en chinois « Song »), sans qu’ils
soient mous. Ce minuscule mouvement devient une vibration qui
prédispose tout changement entre l’immobilité et le
mouvement, affecte la vitesse du mouvement et le rythme de ces
changements.
La personne va tirer des bénéfices dans sa pratique du
sport mais aussi dans ses activités professionnelles et
personnelles.
A noter aussi qu’en posture, nous ne recherchons pas uniquement
le relâchement mais plutôt un équilibre dynamique
entre la tonicité et la décontraction,
l'immobilité et le mouvement, le dur et le souple, le haut et le
bas, l'avant et l'arrière, l'écartement et la fermeture.
Cela nous rend capable de réagir instantanément et vers
toutes les directions de l’espace. Les sensations du confort, de
la disponibilité et de la vigueur remplissent le pratiquant.
Dans toutes les circonstances, ses mouvements paraissent souples,
élastiques et denses.
Il développe le Hun Yuan Li
La transmutation entre la tonicité et la décontraction
provoque l’innervation des cellules nerveuses de tout le corps et
la multiplication de leur réseau. Alors, le Hun Yuan Li se
développe. C’est une force multi-directionnelle qui
s’émet vers plusieurs directions à la fois. Les
directions de base étant : tirer, pousser, déraciner,
planter, ouvrir, fermer. Le Hun Yuan Ii se manifeste par une
résistance, multi-directionnelle à
l’intérieur et à l’extérieur du corps
dans l’espace. Il en découle la fameuse Nei Jin ou «
force interne ».
Il rend le corps homogène : le corps bouge dans son ensemble sans contraction apparente.
Il obtient l’apparition de la force (Li ou Jin) aux mains
Des exercices avec intention précise, permettent au
système nerveux d'énergiser tout le réseau de
terminaisons nerveuses et les multiplie. Alors le rêve de tout
pratiquant d’art martial, qui est d’amener la force aux
extrémités, se réalise. Les mains sont toniques,
souples, mais peuvent aussi être très lourdes.
Il favorise une économie énergétique
Pendant le Zhan Zhuang, le système cardio-pulmonaire
n’accélère pas son rythme. Pourtant, le sang
pénètre jusqu’aux plus petits vaisseaux
capillaires. Chez les confirmés, nous observons une sudation
légère du corps, mais bien plus importante sur les
avant-bras et sur les mains.
Il renforce la personnalité
Les différents traits comme le caractère, la
volonté, les pulsions deviennent solides et sains à la
fois.
L’ASPECT SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
Le système pour la santé porte le nom de YANG SHENG ZHUANG ou « postures pour cultiver la vie ».
On s'y entraîne en permanence à créer et à résoudre des contradictions apparentes comme la tension et le relâchement, l'immobilité et le mouvement, la rigidité et la souplesse, le bas et le haut, l'avant et l’arrière, l’ouverture et la fermeture.
Les exercices sont en majorité les
mêmes que pour l'aspect martial, mais le Yi et les postures sont
adaptés à l'état de la personne. Il y a des
positions allongées, assises, debout et des exercices en
déplacement.
Les
postures sont moins basses : L’activité
cérébrale s'harmonise : Le
métabolisme s’améliore : Optimisme
et bien-être : |
Il n’y a pas d’effet secondaire qui accompagne le Yang Sheng Zhuang.
Traditionnellement, les experts qui maîtrisent le Yi Quan dans son ensemble enseignent les deux aspects. Mais on considère que le pratiquant qui maîtrise le Zhan Zhuang martial, peut très facilement adapter sa pratique aux postures pour le bien-être et la santé. Le contraire est impossible puisque le savoir-faire d’application pour le combat est absent du Yang Sheng Zhuang.