LE KUNG FU WUSHU À LA
LUMIÈRE DU YI QUAN :
L'étude du Yi Quan
intègre les techniques
d'assouplissement, musculation naturelle, techniques de combat et
self-défense, techniques de poings et de jambes, projections, et
pour les compétiteurs clefs et étranglements.
Les principes du Yi Quan
sont appliqués à l'ensemble de ces techniques, principes
sans lesquels l'efficacité physique et mentale, notamment
à long terme, est illusoire.
UNE ÉTUDE EN 8 ÉTAPES :
1 LA BASE : LES POSTURES D'ENRACINEMENT
Le ZHAN ZHUANG GONG Zhan = debout, Zhuang = planté (enraciné) au sol comme un pieu, Gong = entraînement (postures debout ou postures d'enracinement), est la base de toute la pratique du Yi Quan. Elle se divise en trois parties :
A﴿ Le
JIAN SHEN ZHUANG ou POSTURES POUR LA SANTE. C' est une série de postures qui se font de face, les pieds parallèles, les postures d'enracinements pour la fortification du corps et la fixation de l'intention. Selon la posture, la mobilisation de l'intention (YI) se fait par des images mentales différentes. Par exemple " tenir le ballon" .On tient un ballon de baudruche, qu' il ne faut pas tenir fort pour ne pas l'éclater, ni trop faiblement pour ne pas qu'il tombe. Cette série d'exercices :
|
Ce sont les mêmes exercices mais les degrés de l’intensité physique (la pointe des genoux est à la verticale des gros orteils), de la concentration et de la décontraction sont supérieurs.
Zhang Ming Zhe au cours d'une posture pour la fortification du corps |
C) Le JIJI ZHUANG: (jiji = combat), les postures d'enracinement pour le combat.
Elles ont comme but le
développement du HUN YUAN LI .Cette série de postures est
le prolongement des précédentes et se pratiquent sur le
coté, avec comme répartition le poids du corps, 70 pour
cent sur la jambe arrière et 30 sur la jambe avant. On s'y
entraîne sous une apparence d'immobilité. En
réalité, par exemple, avec l'image mental de "tenir
l'arbre",on apprend à l'ensemble du corps à s'orienter
vers les six directions principales (les six directions de base) :
devant, derrière, vers le haut, vers le bas, en ouverture et en
fermeture, ainsi que sur deux directions complémentaires :
circulaire, vers la gauche et vers la droite. Les mouvements
opérés sont si petits qu'ils sont pratiquement invisibles
à l'oeil nu. Ce sont ces petits mouvements qui vous donnes le moyen d'utiliser la contraction musculaire d'une manière explosive. Par la participation de l'intention, on développe notre champ sensoriel et on améliore l'homogénéité et la densité du corps. |
Il y a un ensemble des postures variées pour le combat. Voici quelques unes : tenir l'arbre paumes des mains face à soi, tenir le tigre , etirer le dragon, etc...
Le Yi dirige, le corps opère, et la Force Explosive se manifeste.
2 SHI LI "Essayer la force"
Ces exercices ont pour but de vérifier et insérer dans le mouvement la force multidirectionnelle pour le combat ou HUN YUAN LI, acquise pendant l’entraînement postural. Elles aident à renforcer et apprennent à utiliser le HUN YUAN LI. C' est l' expansion du Zhan Zhuang dans l' espace. Maitre Yao disait: " vous comprendrez ce que ce la force en la testant" .
Sans l’étape de SHI LI , cette force sera
cassée et ne sera pas opérationnelle. Le SHI LI et le ZHAN ZHUANG (postures) se
complètent et s’affinent mutuellement. Le principe
de ces exercices est: quand le haut du corps bouge, le bas suit, quand
le bas bouge, il est guidé par le haut.
Exercice de SHI LI : "pousser l'ocean" |
L’intention commande et le corps exécute. Par
exemple : Nous pensons que nous évoluons dans la boue ou
dans une énorme bulle de swimgum ou autre matière
visqueuse.
Je ne peux pas bouger mes mains que si le reste du corps les tire
ou les pousse. Ainsi toutes les terminaisons nerveuses les os, les
tendons et les muscles du corps sont mis à contribution.
L’effort de l’intention doit être
extrêmement soutenu.
Ce qui fait que le mouvement lent se déclenche, et on sent
chaque petit mouvement dans le corps.
On sent des résistances vers toutes les directions
à l’intérieur et à l’extérieur
de soi. Voici un exemple d’interprétation sur
l’extérieur du corps :ce que nous éprouvons
quand on sort la main d’une voiture qui se déplace.
La lenteur est la clé de la réussite
accompagnée par la décontraction (relaxation).
C’est ainsi q’au début la matière visqueuse
dans laquelle nous nous déplaçons ne doit pas
être très épaisse. Tout le contenu de
l’entraînement du YI QUAN consiste pratiquement à
maîtriser la transmutation des séquences de la
tonicité musculaire en décontraction . Pendant les
postures et l'étape de SHI LI , cette transmutation ,
influencera la vitesse de réaction pendant les exercices de
TUI-SHOU « poussées de mains ».et du SAN SHOU
« combat libre de poings -jambes »
La force unifiée du corps ou ZHENG LI testée par le SHI
LI est tranchante, pénétrante, explosive,
écrasante, etc…Les SHI LI se divisent en :
On apprend à déplacer correctement son centre de gravité. Le haut du corps guide le mouvement, le bas suit . L'image mentale est : nous sommes plongés , par exemple , dans la boue , la mélasse, le swimg-gum ou autre matière visqueuse .Le mouvement est lent , doux , et continu. La marche, est le SHI LI pour les jambes , mais la résistance est ressentie sur l' ensemble du corps. La compréhension de cet exercice est capitale pour le combat libre deTUI SHOU ( poussées de mains) et le SAN SHOU (combat poings - jambes) .
La marche par maitre Han Xingqiao |
On y étudie l'expression explosive de la" force multi-directionnelle pour le combat" dans toutes les directions autour de soi.
Le Fa li démontre l' habilité de mutation entre la décontraction et la tonicité de l' ensemble du corps sans rigidité ( gonflement musculaire) apparente.Cela atteste le haut niveau de coordination entre le pensée et son emanation materielle qui est le systéme nerveux et le corps.
Les éducatifs pour y arriver se pratiquent avec souplesse et décontraction. L'intention(YI) est : en posture facial de base "tenir le ballon", avoir du sable dans les mains ,puis le jeter très loin en pivotant les poignés vers l' avant et vers le haut. La force vient des pieds que sont parallèles, les genoux verrouillés, le bassin rentrée, le menton aussi, le haut du crâne pousse vers le ciel, épaules basses et décontractées, avant bras fléchis et doigts arrondis et tonniques. Le moment de l'émission de force est très court comme si on se brûle sur du fer chaud, ce qu'il nous oblige à retirer les mains très vite. Le YI joue donc un rôle crucial en guidant la transmutation de la tonicité en relaxation. Il y a des exercices spécifiques de Fa Li pour les bras, les épaules le dos et les jambes.
La
maîtrise de
cette étape permet l'
emission de la force totale du corps dans une periode de temps, la plus
courte possible.
L' essai du son
améliore l' habilité du pratiquant
de mobiliser le corps entier entré en action, il est aussi
utilisé pour encaisser les coups que l'on peut
recevoir quand on est surpris par une attaque , ou
bien quand nous attaquons (les combattants savent que dans l' attaque ,
une phase de faiblesse peut exister). Il peut accompagner
les sorties de force (Fa Li),
ce qui peut
provoquer une hésitation ou même effrayer l'opposant .
Avec
l'inspiration on conduit le souffle au bas ventre (DAN
TIEN)
.
Le son provient du bas ventre et il irradie l'intérieur et
l'extérieur du corps. Il devient pratiquement inaudible à
haut niveau de pratique. Le son produit se rapproche de YIII - A -
O..... Seuls les
initiés seront capables de réaliser le SHI SHENG.
Le
TUI SHOU, ou "poussée des mains", est le
SHI-LI avec un partenaire. Pendant cette étape, la
force multi-directionnelle pour le combat
HUN YUAN LI , est testé en permanence. Il ya deux types d'
entrainement : le Tui Shou à une main puis à deux mains ,
sur place et en déplacement.
APPRENDRE
À ÉCOUTER L'AUTRE :
L'entraînement
de combat est composé
de trois distances : la distance longue, si les partenaires emploient
les mains et les pieds, les esquives, les parades, les blocages et les
techniques de déplacement ; la mi-distance, où l'on
s'entraîne à l'utilisation de la tête, des
épaules, des coudes, des genoux; enfin la distance courte ou
corps à corps, avec les saisies, les clefs, les
étranglements, les projections et le Tui Shou (poussée
des mains). Le Tui Shou est si important qu'un enseignement
systématisé lui est consacré.
Dans la pratique du Yi Quan, les postures d'enracinement et la lenteur
des mouvements de départ apprennent à mieux se
connaître et à developper la" force multidirectionnelle
pour le combat"ou HUN YUEN LI. La pratique du Tui Shou permet de
connaître l'adversaire sans se dévoiler à lui. Le
champ sensoriel du pratiquant et notamment le toucher,
s'élargit. La force utilisée est semblable à celle
d'un ressort qui se compresse ou s'étend dans toutes les
directions. Ces directions sont : pousser en avant, tirer en
arrière, arracher, appuyer, en ouverture (écarter), en
fermeture,
ainsi que les directions des forces en spirale.
Au cours des exercices de Tui Shou, diverses combinaisons de ces forces
peuvent intervenir. Ces directions de force correspondent aux
directions du déplacement : on avance, on recule, on monte, on
descend, on part vers la droite ou la gauche, on
reste au centre ou on
se déplace en cercle. Les exercices de base se font en prenant
contact avec une main sur place. Puis on utilise le déplacement
linéaire ou circulaire.
On passe ensuite aux exercices à deux mains avec tous les types
de force et de déplacement. Le but est de pousser, tirer et
déséquilibrer l'opposant. Le déplacement sert
à amplifier ces techniques. Les anciens disaient qu'avec le Tui
Shou, on utilise la force de quelques grammes pour entraîner
plusieurs centaines de kilos.
CONTRÔLER L'AXE :
L'adepte du Yi Quan, par la "poussée des mains",
contrôle
l'axe de son adversaire et protège son propre centre. Il ne
s'oppose pas à la force de l'adversaire, mais, au contraire,
l'utilise et la transforme. Il convient alors "d'écouter",
sentir et comprendre le type de force émis par l'adversaire. A
travers le contact et l'adhésion avec une partie du corps de
l'autre, on arrive à "lire" sa force. Le toucher de la peau
stimule les terminaisons nerveuses du système nerveux qui
véhicule l'information jusqu'au cerveau. Celui-ci analyse la
quantité et les trajectoires de la force et dicte une
réaction appropriée.
La force utilisée est élastique et souple, comme le fil
de soie qui s'enroule...
Elle jaillit du pied puis, en suivant le principe du système
articulaire fermé, se véhicule à travers la
colonne vertébrale jusqu'aux extrémités du corps.
L'alternance de l'enracinement et du déplacement, les
transformations incessantes des directions de force ainsi que
l'utilisation de feintes afin d'obtenir des réactions attendues,
produiront le résultat escompté.
ASSURER
LE CONTACT : ADHÉRER, COLLER,
RELIER, SUIVRE.
En prenant contact, on
"adhère" aux mouvements du partenaire
sans s'y opposer.
Puis on se "colle" sur ses mouvements en les accompagnant pour ne pas
rompre le contact. A ce moment, on doit être très vigilant
afin que le point de contact ne soit pas trop fort. Dans ce cas, la
réaction serait ralentie. Si par contre, le contact est trop
relâché, on perçoit mal les changements de force de
l'autre. C'est ce qu'on appelle perdre la force. Ce qui s'ensuit est la
perte du contact avec l'adversaire. C'est le cas le plus grave car il
est impossible dès lors d'agir en s'appuyant sur la situation de
départ qui était le corps à corps.
Un autre principe consiste à "relier" les techniques comme un
bambou qui plie sous le vent mais revient toujours à sa place.
Ne pas relier équivaudrait à perdre le contact.
Enfin, on "suit" les mouvements de l'adversaire sans s'y opposer. S'il
est dur et raide, on reste souple et mobile; on arrive alors à
le guider. S'il se déplace rapidement, on fait de même;
s'il est lent, on s'adapte également à la lenteur.
Par l'entraînement des Tui Shou, on arrive par simple contact
à connaître la force de l'autre, qu'on adapte à la
nôtre.
Finalement, on réagit en considérant l'autre non plus
comme un adversaire mais bien comme une partie de soi-même.
7
JI JI FA "LES APPLICATIONS DE COMBAT
- Le
travail au sac de frappe, ou avec un partenaire et le SAN SHOU "
Disperser les mains" ou combat libre, complètent ces
phases. C'est l' étude du combat. Toutes les parties du corps
peuvent être sollicitées, les déplacements
spécifiques du YI QUAN et les applications de la
marche pour garder ou casser la distance avec l'opposant. On peut
s'entraîner avec ou sans protections. Cela dépend de
l'intensité des échanges.
Il n'y a pas de limite dans les techniques mécaniques du
corps qui peuvent être utilisées
LES ARMES
Pour
pratiquer le Yi
Quan, la respiration est naturelle et
accompagne les mouvements. Le YI
exercé permet de dominer les membres, donc il y a une plus
libre
circulation de l'énergie
vitale (QI).
Le Yi contrôle et régit
l'émission des différentes humeurs et hormones du corps
(Jing, essence vitale),
et sous forme d'exercices il aide au maintien de celle-ci. Il aide la
circulation du sang en sorte qu'il y ait renouvellement du "vieux et du
neuf" et il règle au mieux les fonctions des organes
secondaires, enfin il équilibre l'ensemble.