LES 7 ÉTAPES DE LA PRATIQUE
DU YI QUAN



LE KUNG FU WUSHU À LA LUMIÈRE DU YI QUAN :

L'étude du Yi Quan intègre les techniques d'assouplissement, musculation naturelle, techniques de combat et self-défense, techniques de poings et de jambes, projections, et pour les compétiteurs clefs et étranglements.
Les principes du Yi Quan sont appliqués à l'ensemble de ces techniques, principes sans lesquels l'efficacité physique et mentale, notamment à long terme, est illusoire.

UNE ÉTUDE EN 8 ÉTAPES :

  1  LA BASE : LES POSTURES D'ENRACINEMENT

 Le ZHAN ZHUANG GONG  Zhan  = debout, Zhuang = planté (enraciné) au sol comme un pieu, Gong = entraînement (postures debout ou postures d'enracinement), est la base de toute la pratique du Yi Quan. Elle se divise en trois parties :

 

A﴿ Le JIAN SHEN ZHUANG  ou POSTURES POUR LA SANTE.
     C' est une série de postures qui se font de face, les pieds parallèles, les postures d'enracinements pour la fortification du corps et la fixation de l'intention. Selon la posture,  la mobilisation de l'intention (YI) se fait par  des images mentales différentes. Par exemple " tenir le ballon" .On tient un ballon de baudruche, qu' il  ne faut pas tenir fort pour ne pas l'éclater, ni trop faiblement pour ne pas qu'il tombe. Cette série d'exercices :
  • Renforcent les os, les tendons et les muscles.
  • Régulent le fonctionnement du cortex cérébral.
  •  Équilibrent l' action du système nerveux sur les muscles et les tendons. La décontraction, la densité et l'homogénéité de la force du corps apparaissent. le souffle vital circule facilement dans le corps.
  • Elles nous rendent capables de maîtriser la transmutation de la tonicité musculaire en décontraction.
  • Enfin, à partir d'un certain niveau de pratique, le HUN YUAN LI (force du chaos primitif) remplit le corps. C'est une force différente de la force que chaque personne possède naturellement , elle est multi-directionnelle et élastique, et peut être émise vers une ou plusieurs directions à la fois (devant, derrière, vers le haut, vers le bas, en ouverture, en fermeture ou en spirale).Dans la tradition du YI QYAN on parle de" force sans forme (direction)"

 

Ilias Calimintzos au cours d'une posture pour la santé

B) Le QIANG SHEN ZHUANG ou POSTURES POUR LA FORTIFICATION DU CORPS

Ce sont les mêmes exercices mais les degrés de l’intensité physique (la pointe des genoux est à la verticale des gros orteils), de la concentration et de la décontraction sont supérieurs.

 

 

 

 

 

Zhang Ming Zhe au cours d'une posture pour la fortification du corps

 

C) Le JIJI ZHUANG: (jiji = combat), les postures d'enracinement pour le combat.

Elles ont comme but le développement du HUN YUAN LI .Cette série de postures est le prolongement des précédentes et se pratiquent sur le coté, avec comme répartition le poids du corps, 70 pour cent sur la jambe arrière et 30 sur la jambe avant. On s'y entraîne sous une apparence d'immobilité. En réalité, par exemple, avec l'image mental de "tenir l'arbre",on apprend à l'ensemble du corps à s'orienter vers les six directions principales (les six directions de base) : devant, derrière, vers le haut, vers le bas, en ouverture et en fermeture, ainsi que sur deux directions complémentaires : circulaire, vers la gauche et vers la droite. Les mouvements opérés sont si petits qu'ils sont pratiquement invisibles à l'oeil nu.
Ce sont ces petits mouvements qui vous donnes le moyen d'utiliser la contraction musculaire d'une manière explosive.
Par la participation de l'intention, on développe notre champ sensoriel et on améliore l'homogénéité et la densité du corps.

Il y a un ensemble des postures variées pour le combat. Voici quelques unes : tenir l'arbre paumes des mains face à soi, tenir le tigre , etirer le dragon, etc...

Le Yi dirige,  le corps opère, et la Force Explosive se manifeste.

2 SHI LI "Essayer la force"


Ces exercices ont pour but de vérifier et insérer dans  le mouvement la force multidirectionnelle pour le  combat ou HUN YUAN LI, acquise pendant l’entraînement postural. Elles aident  à renforcer et apprennent à utiliser le  HUN YUAN LI. C' est l' expansion du Zhan Zhuang dans l' espace. Maitre  Yao disait: " vous comprendrez ce que ce la force en la testant" .

Sans l’étape de SHI LI , cette force sera cassée et ne sera pas opérationnelle. Le SHI LI et le ZHAN ZHUANG (postures) se  complètent et s’affinent mutuellement. Le principe  de ces exercices est: quand le haut du corps bouge, le bas suit, quand le bas bouge, il est guidé par le haut.
Guidé par le YI (intention) et non par la force  musculaire, le mouvement est lent et aussi délicat que lorsque l’on déroule un fil de soie. La force testée est unie, élastique et  dense dans un corps détendu. L’existence du HUN YUAN LI révèle l’homogénéité  de la force du corps et un trés bon niveau  de coordination du système nerveux avec les muscles. 

 

Exercice de SHI LI : "pousser l'ocean"

L’intention commande et le corps exécute.  Par exemple :  Nous pensons que nous évoluons dans la boue ou dans une énorme bulle de swimgum ou autre matière visqueuse.
Je ne peux pas bouger mes mains que  si le reste du corps les tire ou les pousse. Ainsi toutes les terminaisons nerveuses les os, les tendons et les muscles du corps sont mis à contribution. L’effort de l’intention  doit être extrêmement soutenu.
Ce qui fait que le mouvement lent se déclenche, et on sent chaque petit mouvement dans le corps.
On sent des résistances vers toutes les directions  à l’intérieur et à l’extérieur de soi. Voici un exemple  d’interprétation sur l’extérieur du corps :ce que  nous éprouvons quand on sort la main d’une voiture  qui se déplace. La lenteur est la clé de la réussite  accompagnée par la décontraction (relaxation). 
C’est ainsi q’au début la matière visqueuse dans  laquelle nous nous déplaçons ne doit pas être très  épaisse. Tout le contenu de l’entraînement du YI QUAN consiste pratiquement à maîtriser la transmutation des séquences de la tonicité musculaire en décontraction . Pendant les postures et  l'étape de SHI LI , cette transmutation , influencera la vitesse de réaction pendant les exercices de TUI-SHOU « poussées de mains ».et du SAN SHOU « combat libre de poings -jambes »
La force unifiée du corps ou ZHENG LI testée par le SHI LI est tranchante, pénétrante, explosive, écrasante, etc…Les SHI LI se divisent en :


Au niveau confirmé(e) , pendant les mêmes exercices nous cherchons" l' immobilité dans le mouvement".

La réussite de l' étape de SHI LI, garantie un passage réussi aux libres échanges (sparring) de TUI-SHOU et du SAN SHOU.

                                    
  3 MO CA BU "la marche"

Cette étape est aussi connue comme Zhou Bu ou Zhou Lou

On apprend à déplacer correctement son centre de gravité. Le haut du corps guide le mouvement, le bas suit . L'image mentale est  : nous  sommes plongés , par exemple , dans la boue , la mélasse, le swimg-gum ou autre matière visqueuse .Le mouvement est lent , doux , et continu.  La marche, est le SHI LI pour les jambes , mais la résistance est ressentie sur l' ensemble du corps. La compréhension de cet exercice est capitale pour le combat libre deTUI SHOU ( poussées de mains)  et le SAN SHOU (combat poings - jambes) . 

 

La marche par maitre Han Xingqiao

                                                                                                      
4 FA LI "sortir la force"

On y étudie l'expression explosive de la" force multi-directionnelle pour le combat" dans toutes les directions autour de soi.

Le Fa li démontre l' habilité de mutation entre la décontraction et la tonicité de l' ensemble du corps sans rigidité ( gonflement musculaire) apparente.Cela atteste le haut niveau de coordination entre le pensée et son emanation materielle qui est le systéme nerveux et le corps.

Les éducatifs pour y arriver se pratiquent avec souplesse et décontraction. L'intention(YI) est : en posture facial de base  "tenir le ballon", avoir du sable dans les mains ,puis le jeter très loin en pivotant les poignés vers l' avant et vers le haut. La force vient des pieds que sont parallèles, les genoux verrouillés, le bassin rentrée, le menton aussi, le haut du crâne pousse vers le ciel, épaules basses et décontractées, avant bras fléchis et doigts arrondis et tonniques. Le moment de l'émission de force est très court comme si on se brûle sur du fer chaud, ce qu'il nous oblige à retirer les mains très vite. Le YI joue donc un rôle crucial en guidant la transmutation de la tonicité en relaxation. Il y a des exercices spécifiques de Fa Li pour  les bras, les épaules le dos et les jambes.

La maîtrise de cette étape permet l' emission de la force totale du corps dans une periode de temps, la plus courte possible.





5  SHI SHENG "Essayer le son"

  L' essai du son  améliore l' habilité du pratiquant de mobiliser le corps entier entré en action, il est aussi utilisé pour  encaisser  les coups que l'on peut recevoir quand on est surpris par une attaque , ou bien quand nous attaquons (les combattants savent que dans l' attaque , une phase de faiblesse peut exister). Il peut accompagner les sorties de force (Fa Li), ce qui peut provoquer une hésitation ou même effrayer l'opposant .
 Avec l'inspiration  on conduit  le souffle au bas ventre (DAN TIEN) . Le son provient du bas ventre et il irradie  l'intérieur et l'extérieur du corps. Il devient pratiquement inaudible à haut niveau de pratique. Le son produit se rapproche de YIII - A - O..... Seuls les initiés seront capables de réaliser le SHI SHENG.

     6 LE TRAVAIL ÉNERGÉTIQUE À DEUX : TUI SHOU ou "poussée des mains".

Le TUI SHOU, ou "poussée des mains", est  le SHI-LI  avec un partenaire. Pendant cette étape, la  force multi-directionnelle pour le combat  HUN YUAN LI , est testé en permanence. Il ya deux types d' entrainement : le Tui Shou à une main puis à deux mains , sur place et en déplacement.

On y développe le sens du toucher et on y apprend à contrôler l'axe de son opposant tout en protégeant le nôtre. On s'exerce ainsi à toujours bien placer le centre de gravité, qui est conditionné par le déplacement. C'est ce qu'on appelle en langage codé "maîtriser la notion du plein et du vide". Le Tui Shou est pratiqué à partir de 8/9 ans, au départ sous un aspect ludique, et on peut s'y entraîner jusqu'à un âge très avancé. Comme il n'y a pas de contact violent ni de chute répétée, le pratiquant évolue et son intégrité physique  reste totale. Les techniques de Tui Shou se font par le contact des avant-bras. On peut pousser, tirer ou renverser quelqu'un avec les mains, les avant-bras, l'épaule ou le corps tout entier.
 

 

APPRENDRE À ÉCOUTER L'AUTRE :

L'entraînement de combat est composé de trois distances : la distance longue, si les partenaires emploient les mains et les pieds, les esquives, les parades, les blocages et les techniques de déplacement ; la mi-distance, où l'on s'entraîne à l'utilisation de la tête, des épaules, des coudes, des genoux; enfin la distance courte ou corps à corps, avec les saisies, les clefs, les étranglements, les projections et le Tui Shou (poussée des mains). Le Tui Shou est si important qu'un enseignement systématisé lui est consacré.
Dans la pratique du Yi Quan, les postures d'enracinement et la lenteur des mouvements de départ apprennent à mieux se connaître et à developper la" force multidirectionnelle pour le combat"ou HUN YUEN LI. La pratique du Tui Shou permet de connaître l'adversaire sans se dévoiler à lui. Le champ sensoriel du pratiquant et notamment le toucher, s'élargit. La force utilisée est semblable à celle d'un ressort qui se compresse ou s'étend dans toutes les directions. Ces directions sont : pousser en avant, tirer en arrière, arracher, appuyer, en ouverture (écarter), en fermeture, ainsi que les directions des forces en spirale.
Au cours des exercices de Tui Shou, diverses combinaisons de ces forces peuvent intervenir. Ces directions de force correspondent aux directions du déplacement : on avance, on recule, on monte, on descend, on part vers la droite ou la gauche, on reste au centre ou on se déplace en cercle. Les exercices de base se font en prenant contact avec une main sur place. Puis on utilise le déplacement linéaire ou circulaire.
On passe ensuite aux exercices à deux mains avec tous les types de force et de déplacement. Le but est de pousser, tirer et déséquilibrer l'opposant. Le déplacement sert à amplifier ces techniques. Les anciens disaient qu'avec le Tui Shou, on utilise la force de quelques grammes pour entraîner plusieurs centaines de kilos.

CONTRÔLER L'AXE :
L'adepte du Yi Quan, par la "poussée des mains", contrôle l'axe de son adversaire et protège son propre centre. Il ne s'oppose pas à la force de l'adversaire, mais, au contraire, l'utilise et la transforme. Il convient alors "d'écouter", sentir et comprendre le type de force émis par l'adversaire. A travers le contact et l'adhésion avec une partie du corps de l'autre, on arrive à "lire" sa force. Le toucher de la peau stimule les terminaisons nerveuses du système nerveux qui véhicule l'information jusqu'au cerveau. Celui-ci analyse la quantité et les trajectoires de la force et dicte une réaction appropriée.
La force utilisée est élastique et souple, comme le fil de soie qui s'enroule...
Elle jaillit du pied puis, en suivant le principe du système articulaire fermé, se véhicule à travers la colonne vertébrale jusqu'aux extrémités du corps.
L'alternance de l'enracinement et du déplacement, les transformations incessantes des directions de force ainsi que l'utilisation de feintes afin d'obtenir des réactions attendues, produiront le résultat escompté.

ASSURER LE CONTACT : ADHÉRER, COLLER, RELIER, SUIVRE.

En prenant contact, on "adhère" aux mouvements du partenaire sans s'y opposer.
Puis on se "colle" sur ses mouvements en les accompagnant pour ne pas rompre le contact. A ce moment, on doit être très vigilant afin que le point de contact ne soit pas trop fort. Dans ce cas, la réaction serait ralentie. Si par contre, le contact est trop relâché, on perçoit mal les changements de force de l'autre. C'est ce qu'on appelle perdre la force. Ce qui s'ensuit est la perte du contact avec l'adversaire. C'est le cas le plus grave car il est impossible dès lors d'agir en s'appuyant sur la situation de départ qui était le corps à corps.
Un autre principe consiste à "relier" les techniques comme un bambou qui plie sous le vent mais revient toujours à sa place. Ne pas relier équivaudrait à perdre le contact.
Enfin, on "suit" les mouvements de l'adversaire sans s'y opposer. S'il est dur et raide, on reste souple et mobile; on arrive alors à le guider. S'il se déplace rapidement, on fait de même; s'il est lent, on s'adapte également à la lenteur.
Par l'entraînement des Tui Shou, on arrive par simple contact à connaître la force de l'autre, qu'on adapte à la nôtre.
Finalement, on réagit en considérant l'autre non plus comme un adversaire mais bien comme une partie de soi-même.

7   JI JI FA "LES APPLICATIONS DE COMBAT

- Le travail au sac de frappe, ou avec un partenaire et le SAN SHOU " Disperser les mains"  ou combat libre, complètent ces phases. C'est l' étude du combat. Toutes les parties du corps peuvent être sollicitées, les déplacements spécifiques  du YI QUAN et les applications de la  marche pour garder ou casser la distance avec l'opposant. On peut  s'entraîner avec ou sans protections. Cela dépend de  l'intensité des échanges.
Il n'y a pas de limite dans les techniques mécaniques  du corps qui peuvent être utilisées


L
e  Jian Wu ou "shadow boxing du Yi Quan"  fait partie de cette etape.

C'est l'utilisation spontanée et sans forme préétablie, dans le vide, des techniques de Shi Li , Mo Ca Bu et Fa Li. Deux types de Jian Wu existent , le lent et le rapide 

LES ARMES

Les armes sont le prolongement des bras.
L'arme que l'on travaille habituellement en YI QUAN est
le bâton long, qui est à la fois, épais et lourd.

Pour pratiquer le Yi Quan, la respiration est naturelle et accompagne les mouvements. Le YI exercé permet de dominer les membres, donc il y a une plus libre circulation de l'énergie vitale (QI). Le Yi contrôle et régit l'émission des différentes humeurs et hormones du corps (Jing, essence vitale), et sous forme d'exercices il aide au maintien de celle-ci. Il aide la circulation du sang en sorte qu'il y ait renouvellement du "vieux et du neuf" et il règle au mieux les fonctions des organes secondaires, enfin il équilibre l'ensemble.

Aussi, s'il est vrai que certaines personnes possèdent naturellement la force de frappe, le punch, nous, pratiquants de Yi Quan, nous ne le considérons pas comme un don du ciel, mais comme le fruit d'un travail.
Tout simplement parce qu'à travers notre pratique nous arrivons à le posséder et à l'utiliser dans un temps relativement court .


CHAPITRE SUIVANT :LES COUPS DE POING


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